On fonctionne bien ensemble musicalement surtout parce qu’on a un parcours similaire et beaucoup de références en commun.

Après avoir parlé de leur session live sur le morceau Rêverie, voilà que nous publions notre première interview avec le duo montréalais HAUTE.
Si vous aimez l’électro et le r’n’b, n’hésitez pas à jeter une oreille sur leurs sons. En attendant, Anna et Romain nous ouvrent leur porte sur leur travail, leur collaboration et sur leur sentiment d’appartenance au monde.

  • Comment vous êtes-vous rencontrés ?

  • Anna

    Romain avait créé un groupe Facebook dédié aux musiciens de notre université et de Montréal. C’était la fin de notre première année et je venais de prendre la décision de me mettre à chanter sur des beats parce que mon mec de l’époque faisait ça. Du coup, je cherchais des gens avec qui collaborer. J’ai posté une démo d’un standard de jazz que j’avais faite avec un pote à la guitare. Deux semaines après, Romain m’a contacté. J’étais en Californie avec mes parents. Je ne faisais qu’écrire des chansons donc je lui ai envoyé des démos. Quelques jours après, on avait un truc ensemble.


  • En quoi êtes-vous complémentaires dans votre travail ?

  • Romain

    C’est une question de compréhension. On fonctionne bien ensemble musicalement surtout parce qu’on a un parcours similaire et beaucoup de références en commun. Ça facilite la productivité parce qu’on comprend assez vite ce que l’autre recherche dans chacune de ses idées et compositions.


    Anna

    On pourrait dire que j’apporte une sensibilité humaine et tangible avec ma voix et mes textes, alors que Romain s’occupe du coté instrumental et du sound design, de créer l’univers émotionnel abstrait qui enveloppe mes paroles et auquel se greffent leurs histoires.


  • Il y a des artistes électro r’n’b canadiens géniaux en ce moment comme Kaytranada, Jacques Greene ou Black Atlass. Vous vous sentez dans la veine de ces artistes ?

  • Romain

    En partie, dans le sens ou j’ai été énormément influencé par la scène musicale de Montréal, et c’est ce qui ressort beaucoup dans mes productions pour HAUTE. Mais ayant vécu en France et aux États-Unis, j’ai aussi beaucoup de références à ces scènes-là, ce qui me pousse à essayer des choses différentes, et aller vers des sonorités plus électro ou encore rap/r’n’b US.


    Anna

    Pas spécialement, le Canada m’a formé en tant que personne mais ce ne sont pas mes racines. Après, j’ai vraiment été inspirée par Kaytranada et Jacques Greene dans le développement de mon identité musicale, ce sont des innovateurs de la scène r’n’b.


  • Vous avez tous les 2 une histoire personnelle avec la France. Vous vous sentez français ? Ou québécois ? Ou citoyens du monde ?

  • Anna

    Citoyen du monde, sans hésitation. Je me suis sentie bien partagée entre la France et l’Amérique, avant de me rendre compte que je pouvais me sentir juste moi-même sans forcément me rattacher à une nationalité en particulier.


    Romain

    Citoyen du monde, surtout avec un réel mélange de culture française et américaine. Ce sont les deux pays dans lesquels j’ai vraiment grandi et qui ont formé ma façon de penser.


  • Pourquoi avoir décidé de revenir et comment se passe votre retour en France ?

  • Romain

    Plusieurs raisons, la principale étant que nous avons établi un réseau d’amis et de connaissances ici depuis longtemps et nous voulions pouvoir nous concentrer à fond sur notre projet avec cette « team », après avoir fini nos études. Par exemple Diez Music notre label, ainsi que Miala avec qui nous travaillons en programmation. Sinon, aussi pour le plaisir de partager un son différent, de ramener en France quelque chose de là-bas, et de le faire découvrir aux gens, tout en s’adressant quand même à un public international. Finalement parce qu’il y a pas mal de talents ici avec qui je voudrais collaborer. Mais je n’exclus pas la possibilité de retourner aux US dans quelques années, j’ai l’avantage d’avoir le passeport et de la famille là-bas donc je peux facilement faire le transfert.


    Anna

    Notre équipe est basée ici, et les Skype à l’international pour parler business c’est pas top.


  • Vous écoutez des artistes français ?

  • Anna

    J’ai une grosse fixation sur l’artiste Blick Bassy en ce moment, un camerounais installé en France qui fait du folk et qui chante en anglais aussi.


    Romain

    Un peu de rap, Bon Gamin, 13 Block et PNL. Mais j’avoue écouter surtout des artistes canadiens ou américains en ce moment !


  • Vous utilisez principalement SoundCloud pour diffuser votre musique. En quoi trouvez-vous cela intéressant ?

  • Romain

    Je pense que le côté « social network » de SoundCloud est son point fort, c’est ce qui différencie cette plateforme des autres. On peut aller écouter ce qu’écoutent nos artistes préférés, il y a un esprit de communauté. Mais on diffuse aussi sur les autres plateformes de streaming comme Spotify, Deezer, etc. J’ai des rancœurs personnelles envers SoundCloud car je me suis fait effacer mon autre compte (blasé) il y a quelques mois, à cause de remix non-officiels. Pour moi, les censures de ce genre vont à l’encontre de l’esprit de la musique électronique, où le sampling et les remix, edit, ou cover en tout genre sont communs et font partie de la culture, tant qu’ils sont crédités honnêtement et non-commercialisés sans l’accord de l’auteur.


  • HAUTE a une imagerie forte sur scène ou sur les pochettes de vos EP/Singles. Qu’est-ce que vous aimez apporter dans l’image du groupe ?

  • Romain

    On a une forte sensibilité à l’image et on est conscients du fait qu’elle influence énormément l’écoute et l’expérience musicale. Pour moi, une même chanson avec deux pochettes différentes, ça devient presque deux morceaux différents, car ce sont deux expériences sensorielles différentes. La pochette de disque, même abstraite, annonce la couleur : elle prédispose à l’écoute. Quelle que soit l’expérience que l’on souhaite transmettre à son audimat, il faut être conscient que l’image y joue un rôle décisif. Dans notre cas, on souhaite transmettre une image léchée, à l’esthétique moderne, un peu « futuriste » mais riche en chaleur, à l’image de notre musique.


    Anna

    On veut que les gens comprennent qu’on prête beaucoup d’attention à l’image. Être musicien aujourd’hui ça veut dire offrir un « full package », créer un personnage non seulement musical mais aussi esthétique.


  • Avec quel(s) artiste(s)/producteur(s)/réalisateur(s) aimeriez-vous collaborer ?

  • Anna

    Justement, des producteurs de type Kaytranada ou Jacques Greene.


    Romain

    Little Simz et Rihanna. Et les réalisateurs de chez Division Paris.


  • On vous a vus en première partie de The Avener à l’Olympia. Comment avez-vous vécu cette première partie ?

  • Anna

    J’étais très émue qu’on ait pu jouer dans cette salle. Historiquement ça a beaucoup de signification. J’ai carrément envoyé une photo à ma mère (qui habite toujours en Californie) en lui disant « Maman y a Stevie Wonder qui a joué ici, je vais jouer au même endroit que Stevie Wonder ! »


  • Qu’écoutez-vous en boucle en ce moment ?

  • Anna

    This Ain’t Love de PARTYNEXTDOOR.


    Romain

    Le dernier album d’Anderson .Paak.


  • Que peut-on attendre de HAUTE dans les mois à venir en terme de sorties / tournées / collaborations ?

  • Anna

    Des sons de genres différents mais qui restent propres à notre style. On va sortir des morceaux plus house, parfois plus jazzy, mais qui ont toujours cette touche à la HAUTE. Maintenant qu’on a fini nos études, on passe aussi beaucoup de temps à peaufiner notre travail. On veut que tout soit hyper travaillé. On va faire plus de DJ sets aussi.


    Romain

    On a quelques collaborations hip hop en route avec deux artistes français. On prépare aussi un nouvel EP, avec des morceaux plus dansants ! Vous pourrez aussi nous retrouver en DJ aux Bains le 3 novembre ou en live à la Gaîté Lyrique le 7 décembre dans le cadre du Winter Camp festival.


  • Interview réalisée le 07/11/2016.
  • Remerciements : Anna, Romain, Nicolas